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Plus de 13 400 ogives nucléaires, 14 pays hôtes. Voilà à quoi ressemble l’arsenal nucléaire mondial en 2020. Ses principaux acteurs ne prévoient pas de le faire évoluer dans les années à venir, malgré l’entrée en vigueur le 22 janvier 2021 du traité sur l’interdiction des armes nucléaires.
 
Selon les responsables de ces armes hors du commun, aucun risque qu’une bombe nucléaire n’explose par accident. Ces armes, en plus d’être sources de souveraineté et de sécurité, seraient en effet d’une extrême fiabilité. Pourtant, les risques d’accident existent, et ont même eu lieu. De la crise des missiles de Cuba à l'accident de Golsboro, des chercheurs américains et français se sont intéressés aux quelques accidents connus impliquant des armes nucléaires.
 
Ces accidents, appelés « broken arrows », n’ont jamais eu de conséquences dramatiques, en grande partie grâce à des procédures de contrôle strictes, mais aussi ... grâce à la chance. Et le manque de transparence de certains pays comme la France sur leur arsenal nucléaire et leurs possibles « broken arrows » laissent planer une zone d’ombre en matière de sécurité mondiale.
 
voir aussi :
 
Pris au(x) piège(s) du nucléaire ?
 
Benoît Pelopidas est l’auteur de l’ouvrage Repenser les choix nucléaires. La séduction de l’impossible, paru le 6 janvier aux Presses de Sciences Po. Par un travail de recherche systématique, à la croisée de l’histoire du nucléaire et des relations internationales, mené sur plus d’une décennie, l’auteur aborde dans son ouvrage des notions essentielles comme la prolifération, le dilemme sécuritaire, la vulnérabilité et la chance, pour ne citer que celles-ci. Il répond à nos questions sur son travail, sa démarche et la possibilité et les effets de la recherche indépendante.
 
 
 
Extrait : Un troisième élément qui me semble essentiel tient à ce que l’État nucléaire attend de ses citoyens une série de consentements qui méritent une étude approfondie :
 
- un consentement à être une cible dans un monde régi par la dissuasion nucléaire en présence d’adversaires dotés d’arsenaux de grande taille, qui vont donc cibler non seulement les centres de pouvoir mais aussi fort probablement les arsenaux nucléaires français afin de limiter les dommages que nous pourrions leur infliger en retour ;
 
- un consentement à ce que le chef d’Etat puisse utiliser l’arsenal au nom de la communauté politique dans son ensemble, puisque la vitesse de déplacement des missiles balistiques ne donne pas le temps de la moindre consultation, et enfin
 
- le consentement à ce que l’impôt serve à financer cet arsenal et sa modernisation.
 
Le lecteur français pourra trouver cela étonnant parce qu’il entend fréquemment qu’il existe un consensus en France en la matière. Le chapitre sur « créer un espace de choix démocratique en requalifiant le rôle de l’expert » montre comment cette illusion s’est construite, les fautes méthodologiques qui la perpétuent et la met à l’épreuve de deux sondages inédits dont les résultats, robustes, invalident la thèse du consensus. Des archives mettent également à mal l’idée d’un consensus passé qui se serait érodé. 
 
 
 
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