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Ce n’est qu’un début...

A partir d’avril 1978, la mobilisation prend une nouvelle force. Les plages polluées et les manifestations réprimées ont fait naître un sentiment de solidarité qui traverse à la fois les générations et les positions sociales. EDF est à présent associée au clan des agresseurs extérieurs, celui des pollueurs des mers et des bétonneurs de paysages côtiers.

Aux films antinucléaires viennent s’ajouter ceux sur la marée noire. "Marée noire, Colère rouge" de René Vautier, le cinéaste de "Avoir 20 ans dans les Aurès", sera le support des multiples soirées d’information organisées par les Clin.

La marée noire a vu la création d’une multitude de groupes. Il faut les fédérer. L’idée germe d’un journal de liaison entre les Clin. Le premier numéro de "Nukleel" (mot breton, forgé pour traduire "Nucléaire") paraîtra en novembre. Le journal se fixe pour objectif d’être l’organe d’information dont les Clin ont besoin, mais aussi de "coordonner la lutte contre EDF". En dehors des moments d’actualité, il traitera de thèmes généraux : les lignes à haute tension, le nucléaire et la santé, le nucléaire et la sûreté, le nucléaire militaire, les luttes antinucléaires à l’étranger, le nucléaire et l’emploi. Pendant quatre ans, avec 15 numéros publiés, il sera présent à chaque phase de la lutte. Le succès est immédiat malgré la forme très artisanale du journal. La moyenne des ventes sera de 3000 exemplaires par numéro avec un record de 5000 pour le numéro consacré au nucléaire militaire

A Ploumoguer le Clin crée le premier GFA breton. Le modèle vient du Larzac. Un Groupement Foncier Agricole permet l’achat collectif de terres dans l’espoir qu’il sera plus difficile d’exproprier des centaines de propriétaires que quelques uns. L’intérêt est aussi de créer un réseau d’adhérents qui répondront présents quand la menace se précisera. Adhérer à un GFA est, à l’évidence, une démarche plus facile que celle d’adhérer à un comité. Même un Clin éloigné du site n’a aucune difficulté à placer plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines de parts. En juin 1978, la démarche se concrétise par l’achat de deux hectares et demi de terre agricole sur le site prévu pour la centrale. La terre doit prouver sa valeur économique : elle est louée à un exploitant sympathisant. Il faut dresser le maximum d’obstacles devant l’avancée du rouleau compresseur.

Une course de vitesse s’est, en effet, engagée entre les antinucléaires et EDF. Les prochaines étapes seront une délibération du Conseil Economique et Social, suivie d’un avis du Conseil Régional. Le conseil Général du Finistère aura ensuite son mot à dire avant que l’état prenne sa décision. A Ploumoguer, on met deux nouveaux fers au feu : l’organisation d’une manifestation à Brest le 23 septembre, une rencontre avec les élus du secteur.

Le 8 août 1978, M. Le Hir, le maire de Ploumoguer reçoit dans sa mairie : MM. Bérest et Goasduff, députés du Finistère, M. Lombard sénateur, MM. Arzel et Cheminant conseillers généraux ainsi que tous les maires du canton. Des représentants des syndicats agricoles et du comité des pêches se sont joints aux élus. Le conseiller général du canton de Saint Renan, M. Cheminant rappelle d’emblée l’hostilité générale de la population. Les représentants des communes environnantes et des associations professionnelles abondent dans le même sens. L’Amoco-Cadiz et le secret gardé sur le plan Orsec-Rad reviennent de façon régulière dans le débat.

Les élus, membres du conseil régional, interviennent à leur tour. M. Arzel qui a eu la malchance de recevoir l’Amoco Cadiz sur les côtes de sa commune n’oublie pas, cependant, qu’il est également président de la chambre d’agriculture du Finistère : "pour mener à bien la politique d’installation des jeunes dans l’agriculture", Il faut, dit-il, une"source d’énergie" en Bretagne. Discours connu. C’est avec cet argument qu’on a laissé se développer une agriculture industrielle, effectivement gourmande en énergie mais dont la pollution gangrène en ce moment la Bretagne. Les "marées vertes" des algues pourrissantes ont remplacé les marées noires sur les plages. Dans le même temps, plus de la moitié des exploitations agricoles ont été éliminées.

M. Arzel souhaite donc une centrale mais il est catégorique : pas de ça chez moi ! Pas de centrale sur des terres agricoles (surtout si ce sont ses terres électorales). D’ailleurs, croit-il savoir de source "bien informée", Ploumoguer ne serait plus en tête sur la liste.

M. Bérest, député, également membre du conseil régional, est d’un avis proche : aucune décision ne peut être prise contre l’hostilité unanime de la population. Il est donc contre la création d’une centrale "dans ce secteur".

Le second député, M. Goasduff, a des contacts en "haut lieu". Il fait état de la récente proposition qu’il a faite au ministre de l’industrie d’une centrale munie "d’aéroréfrigérants secs" à Brennilis.

Brennilis, dans les Monts d’Arrée a été l’une des premières centrales nucléaires françaises. Construite pour fournir le plutonium nécessaire à l’arme nucléaire elle n’a vraiment jamais beaucoup produit d’électricité. Cependant c’est un site "nucléarisé". Il sera l’objet de phantasmes à répétition pendant toute sa carrière : surgénérateur, centre de retraitement, centre d’enfouissement de déchets radioactifs... Sa chance : le lac de retenue qui alimente la centrale est ridiculement petit et ne permet pas le refroidissement d’une unité de grande puissance. D’où l’idée "d’aéroréfrigérants".

M. Lombard, pour conclure la réunion, propose aux conseils municipaux et aux associations de prendre une délibération à transmettre aux membres du Conseil Economique et Social, à ceux du Conseil Régional, ainsi qu’au Préfet de Région pour signaler leur opposition à la construction d’une centrale nucléaire, précisons bien : à Ploumoguer !

La leçon de l’Amoco-Cadiz n’est pas perdue. Les élus savent que la mobilisation qui a gonflé dans la grande ville voisine ne retombera pas de sitôt. Mieux vaut se débarrasser du problème chez le voisin.

Les Clin ne sont pas dupes. La réunion du conseil économique et social est programmée pour septembre. Dès à présent une manifestation est décidée, à Brest, pour le 23 du même mois.

 

Chronique d’une lâcheté ordinaire

Le temps de la décision approche. La presse distille les bruits de couloir. Le premier, le conseil économique et social aura à se prononcer le 12 septembre. Première lâcheté : les élus abandonnent aux représentants du monde "économique" la responsabilité d’un choix derrière lequel ils pourront s’abriter. Officiellement le choix est orienté par un rapport du C.N.E.X.O (Centre National d’étude pour l’Exploitation des Océans) et de l’I.S.T.P.M (Institut Scientifique et Technique des Pêches Maritimes). Des "fuites" concernant ce rapport sont publiées dès le début du mois. Les sites de Tréguennec, Erdeven, Beg-an-Fry, seraient écartés par le C.N.E.X.O pour "l’importance des activités de pêche, la richesse planctonique et l’étendue de la tache thermique". L’I.S.T.P.M de son côté est plus précis. Il attribue à Ploumoguer la première place avec l’appréciation : "site non défavorable" ! Le moins qu’on puisse dire est que les "scientifiques" ne tiennent pas trop à se mouiller. Plogoff vient ensuite comme "site non défavorable mais réservé". Allez donc traduire !

Au fil des jours des informations font état d’un ordre qui pourrait être inversé. Les pressions occultes font leur effet. Plogoff veut montrer que, lui aussi, se prépare au pire et avant même la décision du C.E.S, une réunion préparatoire à la constitution d’un GFA est organisée.

Le verdict tombe le 12 septembre : c’est Plogoff ! Sur les 77 membres du conseil, 30 ont déserté. 28 se prononcent pour, 13 contre, 1 s’abstient et 5 refusent de voter.

A Plogoff c’est la consternation mais pas l’abattement. La résistance s’organise. Le GFA est créé dès le 15 septembre. La décision est prise de maintenir la manifestation prévue à Brest le 23 septembre mais de la transformer en la première étape d’une mobilisation de soutien de l’ensemble de la Bretagne à Plogoff.

En attendant on ne veut pas perdre de temps et un rassemblement est appelé pour le dimanche 17 septembre sur le site.

"Dernier combat pour une bataille perdue ? " titre "Ouest-France". Combien de fois les gens de Plogoff et les comités antinucléaires ne vont-ils pas entendre cette phrase !

Plogoff n’est pas seul.

Il faut que cette première riposte soit réussie. Jean-Marie Kerloc’h, le maire, réunit son comité de défense pour rédiger un "appel à la population" qui sonne comme une déclaration de guerre. Déjà des pétitions circulent, des affiches fleurissent un peu partout, lettres noires sur fond jaune :

" Avis aux conseillers généraux : centrales nucléaires, nous n’en voulons pas, nous n’en aurons pas ".

 

Les mots d’ordre de la manifestation sont arrêtés. Des classiques d’abord : " Notre député nous a trahis", ou encore "Non au nucléaire en Bretagne". Plus percutant : "Bretons, en 14 chair à canon, en 78 chair à neutrons ". Le ton est donné : cette fois on ne se laissera pas massacrer !

Le maire, ancien marin de la "Royale" prépare le déroulement du rassemblement dans le détail. On abordera le site de Feunteun Aod, lieu d’implantation prévu, à la fois par la mer et par la terre. Par la terre : départ de la mairie à 15h. Par la mer : tous les marins-pêcheurs de la région sont conviés à converger jusqu’au petit port de Feunteun Aod.

Les 5000 manifestants vont vivre un moment exceptionnel. En tête le drapeau tricolore. Les militants des comités devront s’y faire. Plogoff se veut républicaine. Elle a fourni, plus que d’autres, son contingent de marins d’état et de militaires. Elle se souvient, avec fierté, de son passé résistant, quand la Pointe du Raz était une base de débarquement ou d’embarquement pour les "combattants de l’ombre". Le drapeau tricolore sera son rempart face aux forces de répression.

Derrière, les slogans sont plus musclés. " Hier chair à canon, aujourd'hui chair à neutrons" fait fureur de même que "Marée noire ça suffit, nucléaire non merci".

"Non au nucléaire, oui au solaire", dit une banderole. Le soleil a-t-il entendu le message ? Il inonde les landes et les chemins d'une lumière de plein été.

Surprenante manifestation où les participants sont leurs propres spectateurs. Pas de rues à faire résonner de slogans vengeurs, pas de circulation à bloquer, pas de préfecture à assiéger. Seulement une longue promenade conviviale entre ciel, terre et mer. Simplement le plaisir d'être ensemble. L'arrivée sur la falaise est d'une beauté à couper le souffle. Sur mer, une quarantaine de bateaux de pêche arborant les couleurs de leurs bouées et des fanions attachés à leurs gréements saluent l'arrivée des manifestants par de longs appels de corne de brume. Ce jour là beaucoup ont forgé leur conviction que jamais ils ne laisseraient détruire un lieu à ce point chargé de beauté.

Les CLIN du Nord Finistère avaient prévu une manifestation à Brest le 23 septembre, ils la maintiennent. Nous avons déjà décrit le "maro mig" sur la place de la Liberté et les 15 000 manifestants réunis, comme aux  plus fortes heures de la marée noire, sous la banderolle "Plogoff-Ploumoguer, même combat".

 

Le temps du mépris.

Deux jours plus tard, le Conseil Régional de Bretagne tient réunion à Saint-Brieuc, les 25 et 26 septembre. La délibération sur le choix du site de la centrale nucléaire est prévue pour le deuxième jour. Mais à Plogoff on se méfie. "Pour parer à toute éventualité nous avions toutefois établi une liste de 28 personnes mobilisables à tout moment", dira plus tard Jean-Marie Kerloc'h. Sage précaution, vers 10 heures, le premier jour, un correspondant prévient Plogoff par téléphone que le vote a été avancé au jour même. Une demi-heure plus tard le car communal embarque ses 28 personnes et cinq voitures individuelles sont remplies. En route pour Saint-Brieuc !

"Quand nous sommes arrivés", explique Jean-Marie Kerloc'h, "les grilles étaient fermées. J'avais mon écharpe, de ce fait on m'a laissé passer. Sur mon insistance, une partie de la délégation a pu rentrer à ma suite. La moitié dont mon adjointe, Amélie Kerloc'h, a dû rester dehors. C'est scandaleux et d'autant plus inadmissible qu'il y avait de la place dans les tribunes ; que le préfet de région, lui même, avait demandé à ce qu'on les remplisse. Ce que je ne digère pas, c'est que l'on ait pas daigné m'adresser une invitation officielle pour assister au débat sur un sujet aussi important qui engage tout l'avenir de ma commune. J'y ai quand même assisté, c'est sûr, mais en voleur" (Rapporté par Théo Le Diouron, journal Ouest-France).

Les privilégiés qui ont pu accompagner leur maire constatent que le problème de Plogoff semble être le dernier des soucis des conseillers régionaux ! Clet Kerloc'h, un nom décidément bien porté à Plogoff, est l'un des animateurs du comité de défense. Il n'en revient pas :

"On a souvent vu des députés qui dormaient à l'Assemblée Nationale. Hier, nous avons aussi, hélas, vu cela à Saint-Brieuc. J'éprouve un sentiment de honte devant cette majorité qui somnolait, qui semblait se désintéresser d'un problème aussi grave. Nos élus nous ont véritablement laissés tomber".

Jean-Marie Kerloc'h veut faire une déclaration. Refus ! On lui accorde à peine le droit de s'exprimer devant une commission dont le rapporteur trahira ses propos.

Le vote donne 44 voix pour (vote des élus majoritaires de droite), 21 contre (PS, PC et UDB) et 5 abstentions. Jean-Marie Kerloc'h constate avec amertume que les élus du Nord Finistère qui s'étaient prononcés contre la centrale de Ploumoguer n'ont pas voté contre celle de Plogoff.

En mars 1980, interrogé par le "Peuple Breton", Michel de Bennetot élu brestois et rapporteur du projet devait livrer le fond de sa pensée : "je raisonnais comme Paris : 9 chances sur 10 pour Plogoff, sauf découverte inopinée. Combien de brestois sont allés à Plogoff ? Vous ne mobiliserez jamais les Léonards (habitants du nord Finistère, du "Léon") contre Plogoff. Arzano et Biarritz, pour eux, c’est la même chose ! Je n’ai jamais cru à Ploumoguer en raison de la proximité de Brest. Ce n’était pas souhaitable, du point de vue de l’EDF qui ne prendrait pas le risque d’une implantation à côté d’une grande ville".

Ce mépris, Jean-Marie Kerloc’h l’avait ressenti jusqu’à l’écœurement. "Plogoff est en deuil" dira-t-il à la lecture du verdict. Mais pas question de baisser les bras. Sans attendre la décision du conseil général du Finistère, dont il n’espère plus rien, il lance un avertissement solennel à ceux qui voudraient les contraindre à renoncer : "On peut d’ores et déjà être certain que les études sur le terrain ne se feront pas toutes seules".

Première provocation.

Le dernier épisode doit se jouer au Conseil Général du Finistère le 29 novembre. Sans attendre, le comité de défense de Plogoff décide d’organiser une manifestation à Quimper le samedi 18 novembre.

Rien ne laisse supposer que cette manifestation puisse être autre chose que celle, conviviale, qui s’était déroulée à Plogoff en septembre. Pourtant les manifestants découvrent une ville en état de siège. Après avoir rapporté les propos d’un quimpérois : "On n’avait pas vu cela depuis l’occupation", le journaliste du journal Ouest-France, qui couvre l’évènement, laisse s’exprimer sa stupéfaction :

"La préfecture du Finistère, samedi en début d’après-midi, avait les apparences d’une ville morte : rues aux trois quarts désertes et gardées par des CRS, parkings vides, grilles de la plupart des magasins baissées. Depuis quelques jours, il est vrai, les bruits les plus alarmants répandus dans la ville avaient fini par créer un climat de psychose générale : les manifestants étaient décidés à tout casser ; certains d’ailleurs seraient armés ; on annonçait la venue d’allemands, d’italiens et d’autres étrangers ; les affrontements avec les forces de l’ordre allaient être d’une violence extrême. On citait Malville et la manifestation antinucléaire de Brest en septembre qui s’est terminée par deux heures de bagarres de rue. On évoquait aussi le rassemblement des paysans bretons à Pontivy où les accrochages furent aussi sévères."

Il est vrai que tout a été organisé pour créer l’incident qui pourrait mettre le feu aux poudres. Les cars sont systématiquement arrêtés avant leur arrivée en ville par des policiers faisant étalage de leur arrogance. La délégation du Pellerin, en particulier, est empêchée d’arriver. Les fourgons blindés rangés bien en évidence aux entrées de la ville et le long des quais, constituent de véritables appels aux jets de pierre. Le piège de Malville va-t-il à nouveau fonctionner ?

Sur le lieu de rassemblement certains des organisateurs, effrayés, en viennent à conseiller à Jean-Marie Kerloc’h de renoncer au défilé et de donner l’ordre de dislocation. L’erreur serait fatale. Ce serait la meilleure façon de laisser des groupes livrés à eux-mêmes face aux policiers surarmés. Fort heureusement, le maire de Plogoff et le comité de défense gardent leur sang froid et c’est sur un ton bon enfant que le cortège gagne les quais de l’Odet face aux canons à eau braqués. En tête, les élus avec leurs écharpes. Beaucoup de jeunes, des familles parfois au complet. Une forêt de drapeaux et de banderoles et encore de nouveaux slogans à chaque fois plus ironiques.

Finalement, une manifestation sans incident comme l’avaient souhaité les organisateurs, mais aussi la révélation de la volonté du pouvoir politique de ne reculer devant aucun moyen pour arriver à ses fins.

"Manifestation pacifique, Manifestation dans la dignité", devait titrer la presse du lendemain, "on se demande encore si la présence d’un bon millier de CRS, de gendarmes et de policiers dans le centre et la périphérie de la ville n’était pas surtout destinée à faire perdre leur sang froid aux manifestants. Surtout que, en plus des bruits répandus, la fin de semaine avait été marquée par l’omniprésence des CRS dans les rues de Quimper"s’interrogeait un journaliste.

Et quand la nuit est tombée, la ville, "a lentement repris ses esprits, comme si elle sortait d’un rêve étrange et angoissant", devait conclure le journaliste déjà cité.

dernière farce.

29 novembre : nous y sommes. Le Conseil Général est enfin réuni pour la décision ultime. Jean-Marie Kerloc’h n’y assistera pas. Son cœur de maire a été malmené et c’est de sa chambre de l’Hôpital Laennec à Quimper qu’il suit, à distance, les évènements. L’offensive est menée par Guy Guermeur le député de Plogoff et du Cap. Il décrit le pactole qui se présente à portée de main : 6000 personnes à nourrir et à loger, 900 maisons à construire ou à aménager, des restaurants, des blanchisseries, des écoles... Il n’oublie pas le couplet sur la sécurité : "Tous les accidents les plus invraisemblables sont imaginés. Les moyens d’en interdire les conséquences sont multipliés, les sécurités en général triplées. Et si, malgré tout, le cœur nucléaire fondait, les canalisations du réacteur se cassaient, les circuits d’eau se mélangeaient, tout serait bloqué dans un cylindre de béton d’un mètre d’épaisseur, doublé d’une enceinte d’acier. La centrale peut résister à des tremblements de terre et recevoir le choc direct d’un avion à réaction, voire subir un attentat". Bref devait dire son collègue M. de Bennetot, industriel considéré par ses collègues comme le "spécialiste" de la question nucléaire : "Il y a moins d’accidents dans les centrales nucléaires que dans les fabriques de chapelets".

Inutile de commenter.

Le vote donne le résultat attendu : 25 voix pour, 18 contre, 2 abstentions. La gauche confirme son opposition. La plupart des élus de droite du Nord Finistère, défavorables à Ploumoguer ont à nouveau rejoint le camp des "pour". Chacun note, cependant, le courage de M. Cheminant, conseiller du canton de Saint Renan, qui ne craint pas de se désolidariser de ses amis politiques en votant contre la centrale. "Pour être en paix avec ma conscience", dit-il.

A l’hôpital, l’électrocardiographe de Jean-Marie Kerloc’h s’emballe quand il apprend le résultat :

"Qu’ils viennent avec leurs CRS, qu’ils approchent, ils me trouveront sur le terrain ! "

Le combat continue.

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