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Extrait de : PLOGOFF, un combat pour demain. Chronique d’une victoire contre le nucléaire. Le livre.
 

 

 

Les articles de presse ne suffisent pas, il faut toucher chacun à domicile. Une plaquette verte, couleur écologie, est diffusée dans chaque foyer finistériens sous le titre " Le projet de la centrale nucléaire de Plogoff - 25 questions -25 réponses ". 220 000 plaquettes sont distribuées. "Quel est le coût de cette opération, qui a fourni le fichier qui sert à la diffusion ?" interroge le parti socialiste dans une lettre ouverte au préfet.

 

Qu’apprend-t-on dans cette plaquette qu’on n’ait déjà entendu ? Que Plogoff aura sa cité de logements EDF, son complexe sportif comme à Avoine, sa piscine couverte comme à Saint-Laurent- des Eaux, sa mairie monumentale comme à Pierrelatte. Mais allez dionc savoir pourquoi, à Plogoff on préfère les galets de la grève et les bruyères de la côte. En réponse, le journal "Oxygène", édité par la Société pour l’Etude et la Protection de la Nature (SEPNB) sortira un numéro spécial, même couverture verte, même présentation, mais bourré d’informations et d’humour corrosif. Le journal des CLIN ne sera pas en reste avec une planche dessinée de Nono, le dessinateur qui dessine plus vite que son ombre, témoin amusé de toutes les luttes bretonnes.

 

On y apprend aussi que Plogoff porte sur ses épaules l’avenir de l’économie française. En effet, si le nucléaire a été choisi c’est parce qu’ "il ouvre de nouveaux débouchés à l’exportation et permet un nouvel essor industriel". ou, pour être encore plus précis, parce que "l’expérience acquise dans la mise en œuvre de cette technologie et l’extension actuelle des débouchés sur le plan international ouvrent des perspectives intéressantes aux techniques françaises qui contribueront à améliorer notre balance commerciale".


La France championne de la dissémination.

 

On ne saurait être plus clair. C’était le temps où les centrales, et les armes, se vendaient comme de banales savonnettes. Le temps où on n’était pas choqué de voir le réacteur nucléaire Osirak construit en Irak, avec l’aide de la France, être détruit par les "mirages" que la France avait vendus à Israël. C’était le temps où les États-Unis, l’URSS, la rance et l’Allemagne se battaient pour alimenter en technologie nucléaire les futurs états "voyous".

 

Nul, alors, ne faisait mine de s’inquiéter de voir l’Iran et l’Irak, regorgeant de pétrole, vouloir à tout prix produire de l’électricité d’origine nucléaire. L’Inde, Israël, mais aussi l’Afrique du Sud de l’apartheid, la Libye, la Syrie, le Pakistan, la Corée, la Chine... tous étaient présentés comme des clients forts pacifiques et forts honorables. Personne, cependant, ne pouvait ignorer que leur objectif final était la réalisation d’armes nucléaires qui leur permettraient, un jour, de parler d’égal à égal avec les "grands". Ils sont au moins dix dans le monde à y être parvenus et à posséder, au surplus, les missiles balistiques qui vont avec.

 

Professeurs et médecins enrôlés.

 

Retour à Plogoff. Comme si les parents ne suffisaient pas, il faut s’attaquer aux enfants. Les professeurs des lycées sont bombardés de livres, d’affiches, de plaquettes de diapositives. L’inspecteur d’Académie du Finistère adresse une missive aux enseignants du département :

 

"Le 9 octobre dernier, je vous ai transmis une lettre de l’Académie de Rennes, sur les conférences proposées aux élèves de vos établissements : "Comment résoudre les problèmes de l’énergie". A la suite d’une entrevue que j’ai eue dernièrement avec M. le chef de Centre de l’E.D.F de Quimper, je suis en mesure de vous apporter quelques informations d’ordre essentiellement pratique".

 

Suit, la date des conférences et le contact de la conférencière, une enseignante du collège de Plougasnou recrutée par l’association "Ouverture sur la vie". Le nom de l’association ne laisse pas imaginer que la seule vie qui l’intéresse est celle des centrales nucléaires. Elle est "aidée financièrement" par différents organismes dont le ministère du travail, le CEA et, naturellement, EDF... On ne se presse pas pour inviter ses conférenciers dans les classes ? La circulaire de l’inspecteur d’Académie du Finistère engage les établissements à obtempérer ! Les enseignants auront une réaction saine : leurs portes resteront fermées.

 

La propagande ne se refuse aucun terrain. Les clients sont accoutumés à trouver chez leur pharmacien le bulletin "Les informations de la santé" distribué gratuitement par le "club pharmaceutique d’éducation pour la santé", vocable qui cache un quelconque lobby de l’industrie pharmaceutique. Le numéro qui paraît, au cours de l’année 1980, est d’une nature particulière. Sous le titre "La radioactivité et la vie", il est uniquement consacré à l’apologie des centrales nucléaires. Illustrations toutes extraites des documents EDF, texte dicté par le ministère de l’énergie. Pas un mot sur les dangers de l’irradiation, de la contamination ou de la surexposition aux rayons X. Les pharmaciens auront bientôt la surprise de voir les militants des Clin venir leur proposer une lettre de contre-information à mettre à la disposition de leurs clients. L’effet sera radical : le bulletin "info santé" disparaîtra rapidement des comptoirs des pharmacies. Dans le même temps le journal "Nukleel" sortira un spécial "Nucléaire et Santé" qui sera proposé aux médecins pour l’information de leurs clients dans les salles d’attente. Certains l’adopteront.

 

Chacune des initiatives de EDF et des pouvoirs politiques renforce la détermination et élargit le cercle de la contestation. Ainsi se construit un véritable réseau de résistance.

 

Rassurés quant à leur capacité à s’opposer à la propagande officielle, le comité de défense de Plogoff, les Clin et les comités, ne peuvent imaginer que les prochains coups viendront de ceux qu’ils supposaient être leurs alliés.

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