Extrait de "Plogoff, un combat pour demain".
Peu après la création de leur comité, les militants du CLIN (Comité Local d'Information Nucléaire) de Landerneau ont la surprise d’être contactés par Jean Yves Kermarrec, le représentant local de "L’Association Pour la Protection des Salmonidés en Bretagne" (APPSB) qui deviendra "Eau et Rivières".
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Nucléaire et saumon même combat ?
Il apporte avec lui, en plus d’un montage de diapositives illustrant les premiers dégâts de l’agriculture industrielle en Bretagne, une réflexion déjà avancée sur les méfaits du "productivisme". Les questions que se pose l’association vont "bien au-delà de la simple réflexion sur le poisson". C’est tout un mode de vie qu’il faut remettre en cause. Une société avide de profit à court terme, "une technocratie qui n’a foi que dans la technique aveugle, assurée qu’indéfiniment elle apportera des solutions aux erreurs qu’elle ne cesse d’accumuler, n’est plus acceptable" déclare son représentant.
Paradoxal : des "pêcheurs à la ligne" sont parmi les premiers à faire une analyse politique clairvoyante du monde qui s’annonce. Parmi les premiers à comprendre que le mépris de l’environnement traduit un mépris de l’homme. Une philosophie résumée dans leur slogan :
"Quand le poisson meurt, l’homme est menacé".
Devenue depuis "Eau et Rivières de Bretagne", l’association est aujourd’hui incontournable pour tout ce qui concerne les problèmes de pollution de l’eau, des sols et de l’air. En 1976, il lui fallait une bonne dose de courage intellectuel pour s’engager dans la lutte antinucléaire.
Dans un article du 4 octobre 1978, son président et membre fondateur, Jean-Claude Pierre explique ce choix :
" Toujours plus. Voilà le maître mot et notre soif d’énergie n’est en fait que la conséquence d’une boulimie généralisée qui traduit peut-être quelque secrète angoisse...
Des biens de consommation sans cesse plus nombreux, et plus sophistiqués, des performances technologiques accrues, mais pendant le même temps de moins en moins d’air pur, d’eau pure, de silence : le gaspillage érigé en système...
Aujourd’hui nous sommes mis en échec par le lisier et les nitrates et demain nous maîtriserions le plutonium ?" ( "Les Rivières m’ont dit" - Jean Claude Pierre -)
Juste retour des choses, les Clin participeront aux débroussaillages de rivières organisées par l’APPSB. Ainsi celui de juillet 1977 sur l’Elorn. Il s’agit de nettoyer 2,5km de rivière qui étouffent sous la végétation. Les riverains ne coupent plus les arbres des rives. Hier bois de chauffage, ils sont, aujourd’hui, sans valeur. La lumière ne pénètre plus jusqu’à l’eau. La rivière meurt. Tout cela, les centaines de militants arrivés en renfort l’apprendront sur le terrain de la bouche de pêcheurs chevronnés qu’ils n’imaginaient pas avoir, un jour, l’occasion de côtoyer. Plusieurs de ces militants, venus à l’écologie par le nucléaire, comprendront la multiplicité des combats pour l’environnement et rejoindront, en retour, l’association.
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Nouvel adhérent.
Je faisais naturellement partie de ces nouveaux adhérents. Au moment même où l'APPSB devenait "Eau et Rivières".
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Voir : Jean-Yves Kermarrec raconte cinquante ans de lutte sur l'Elorn
Jean-Yves Kermarrec est une des figures emblématiques d’Eau et Rivières de Bretagne. Il fut le premier salarié de l’association. Il est un ferveur défenseur du saumon et est toujours militant actif et président de l’AAPPMA de l’Elorn.
Lors de la cinquantième assemblée générale d’Eau et Rivières de Bretagne, Jean-Yves a retracé cinquante ans d’actions sur sa rivière fétiche. C’est sur l’Elorn qu’a commencé l’aventure de l’APPSB. « Une des aventures de l'APPSB car il y en a eu bien d'autres, menées par d'autres militants aux quatre coins de la Région, sur les rives du Scorff, du Trieux, du Léguer, du Ster goz, la liste est longue », explique l’infatigable militant en préambule de sa présentation.