Dans les lycées, ont fleuri des poèmes. Tel celui écrit par P.Guyader, lycéen landernéen, le 22 mars 1978, six jours à peine après la catastrophe, sous le titre "Le coeur de ma baie". Il fut largement diffusé en tract à la porte des établissements scolaires.
Chaque pierre noircie
Chaque crique perdue
Chaque baie qui peu à peu se tait
Apporte une tache au fond de moi
Déchire un morceau de mon coeur
Fait circuler dans mes veines un silence trop pesant.
Il pleut sur mon pays
Et les farouches vents du large
Portent en eux les odeurs des villes
Et chargent les poitrines d’un gaz mortuaire.
Qu’elle est triste et effrayante
Cette baie où je me revois
Enfant souriant et heureux
Communiant avec les sables et les océans
Faisant à chaque instant mille découvertes
Morte... la baie
Au loin les monstres d’acier s’endorment
Et peu à peu disparaissent sous les eaux inquiètes
Comme la guêpe qui a planté
Son dard dans une chair tendre
S’en va mourir un peu plus loin
Un vol de cormorans s’interrompt
Un banc de mulets s’installe à la surface des eaux peu profondes
Les algues aussi se figent
Tout se tait
Mon pays est est bafoué, écrasé, méprisé
Bretagne, ils t’assassinent !
Et mon rêve avec...
Je ne veux pas, je le refuse
Humilié une fois encore j’ai la rage
Le coeur de ma baie a cessé de battre
Et tous ces gens qui regardent le large et les rochers
Qu’ils soient marins, paysans, curieux ou poètes ou Bretons,
Le savent trop bien
Ce vent coléreux qui hurle sur les dunes
Ensemble allons à sa rencontre
Car chaque pierre noircie
Chaque crique perdue
Est une larme au fond d’un coeur
Un poing celte qui se lève au-dessus des terres
Et vers les préfectures
Tout comme chaque baie qui peu à peu ressemble au silence
Est un hymne qui appelle la colère Bretonne, mon âme
Bretagne, ils t’assassinent !
Mais c’est bien la dernière fois j’espère
La dernière. Je te le promets.
Je suis Breton et je vivrai.
Je vivrai.
Nous avons reçu cet appel :
bonjour, je faisais partie des jeunes bénévoles de la région parisienne, en Mars ou Avril 78 ! nous étions basés sur l’Ile de Batz.
Je ne me souviens malheureusement pas du nom de l’association, mais j’aimerais tant retrouver la trace des jeunes qui faisaient partie du groupe. Je suis réunionnaise, et vous adresse donc ce mail de St Denis de la Réunion. Malheureusement malgré le dévouement des uns et des
autres, l’histoire se renouvelle hélas !...
Remerciements. Bernadette Perraut
mailto:bernadette.perraut@wanadoo.fr
Souvenir : Un des participants s’appelait Stéphane Rossi. "Je me souviens d’un garçon passionné par la nature et qui racontait ses escapades en forêt pour écouter les animaux notamment enregistrer les bramements des cerfs."