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Gérard Borvon

 

Alors que la population de l’Ukraine est écrasée sous les bombes russes et que Poutine menace l'Europe d'une escalade, la preuve est faite que  le prétendu "équilibre nucléaire" ne dissuade pas d'une guerre d'agression en Europe.

 

Comment alors ne pas nous interroger sur l'absence de protection de la population en France. Ceci d'autant plus que les nouvelles armes utilisées en Ukraine, comme dans les autres guerres qui se mènent au même moment dans le monde, visent d'abord les populations civiles et les infrastructures nécessaires à leur survie.

 

La question de la protection de la population en cas de guerre se posait déjà, en France, il y a quarante ans, avec la crise des "euromissiles" et la menace d’une guerre nucléaire en Europe. Un rappel semble nécessaire pour comprendre pourquoi, encore aujourd'hui, la population française est maintenue sans abris.

 

1979. La tension Est-Ouest était alors à son paroxysme. En décembre, l’URSS avait envahi l’Afghanistan. En réplique une cinquantaine de nations avaient suivi les USA dans leur boycott des jeux olympiques de Moscou. Des grèves s'étaient déclenchées en Pologne et la crainte d’une intervention soviétique était palpable.

 

Depuis 1977 les Soviétiques ont installé sur leur territoire des missiles SS-20 à moyenne portée (de 500 à 5000 km) qui peuvent atteindre de vastes zones de l’Europe de l’Ouest. Ceux-ci sont dotés de têtes nucléaires, moins puissantes mais beaucoup plus précises, adaptées à la frappe de cibles militaires. Présentés comme moins menaçants pour les grands centres de population, ces missiles rendent envisageable une guerre nucléaire, dite "préventive", limitée au territoire européen. En réplique, au sommet du 14 décembre 1979, l’OTAN décide d’installer des missiles balistiques américains Pershing II en Europe.

 

Frappes préventives sur des cibles militaires... comment ne pas penser à la Bretagne et à l’Île Longue ? Dans ce climat de tension, un rapport, daté d'avril 1980, « sur le niveau de protection de la population civile française en temps de crise », était publié par les sénateurs Bonnefous et Marcellin. Il était analysé et diffusé par les militant.e.s du Comité d'Information Nucléaire (CLIN) de Landerneau rédacteurs du journal "Nukleel ?"

 

Le Rapport Marcellin Bonnefous.

 

Avril 1980. Le numéro 11 de Nukleel, était consacré au nucléaire militaire sous le titre "La Bretagne, au cœur de la cible". Il rendait rendait compte de ce "Rapport sur le niveau de protection de la population civile française en temps de crise" publié "au nom de la commission des finances", et signé des sénateurs Marcellin et Bonnefous .

Coup d’œil sur les auteurs :

 

Edouard Bonnefous (1907-2007) a été élu député de Seine-et-Oise de 1946 à 1958 et a occupé d’éphémères fonctions de ministre ( du commerce du 20 janvier au 8 mars 1952 puis des Postes Télégraphes et Téléphones du 23 février 1955 au 1er février 1956). Élu sénateur en 1959, il siègera au Sénat jusqu’en 1986. Il y est inscrit comme appartenant au groupe "gauche démocratique", un courant politique dont une des figures était Edgard Faure, l’homme qui savait suivre la direction de la girouette quand le vent politique tournait et qui a encore tant d’adeptes dans notre actualité politique. Présenté comme un "humaniste", on retient de lui qu’il est le fondateur du "prix Édouard-Bonnefous" à l’Institut de France, destiné à "récompenser alternativement une œuvre qui aura contribué à alléger le poids de l’État sur les citoyens et une œuvre consacrée à la défense de l’homme et de son environnement".

 

C’est en tant que "Président de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation" qu’il intervient dans le domaine de la "Protection Civile" servant ainsi de caution centriste au très droitier Raymond Marcellin.

 

Raymond Marcellin (1914-2004) a une longue biographie qui le mène du régime de Vichy qui le décore de la Francisque jusqu’au ministère de l’intérieur où de Gaulle le charge de faire la chasse à la "chienlit" gauchiste après les évènements de mai 1968. « Voici Fouché, le vrai ! » aurait-il dit, le vendredi 31 mai 1968, en lui attribuant le portefeuille de ministre de l’Intérieur du gouvernement dirigé par Georges Pompidou. Il occupera ce poste sous quatre premiers ministres successifs jusqu’en 1974 avec une obstination dans la répression musclée qui lui vaudra le surnom de "Raymond la matraque".

 

Dans ses ouvrages, "L’Ordre public et les groupes révolutionnaires, éditions Plon, Paris, 1968" ou encore "La Guerre politique, éditions Plon, Paris, 1985", Il développe son obsession, celle de "l’ennemi intérieur", cette 5ème colonne, gauchiste, communiste, syndicaliste, manipulée par Moscou qui se prépare à faire déferler ses blindés sur l’Europe. Cette idée fixe d’une France menacée, en particulier de l’intérieur, guide aussi son rapport sur la "protection civile".

 

Il y est essentiellement question de la menace nucléaire. Maire de Vannes de 1965 à 1977, Conseiller général du canton de Sarzeau de 1953 à 1998, Président du conseil général du Morbihan de 1964 à 1998, Président du conseil régional de Bretagne de 1978 à 1986, il connaît bien le problème du nucléaire en Bretagne. Il a suivi la lutte contre la centrale de Plogoff qui a débuté quatre ans avant la rédaction de son rapport et il mesure danger de vivre à proximité d’une cible nucléaire comme la base de sous-marins nucléaires de l’Ile Longue.

 

Les "bruits de guerre" des années 1980.

 

Dès l’introduction les auteurs veulent apparaître comme prenant de la hauteur. La préoccupation de la commission des finances, disent-ils, n’est pas "de faire écho aux bruits de guerre qui ont marqué le début de l’année 1980. En effet, depuis longtemps, soit par la voix de son Président, soit par celle de son Rapporteur spécial, elle appelle avec insistance l’intention des gouvernements sur la nécessité des mesures de protection des populations civiles, notamment dans les éventualités d’emploi des armes nucléaires".

 

Les bruits de guerre, et en particulier de guerre nucléaire, font effectivement partie de l’arsenal de mise en condition des populations dans ces années 80 où la "guerre froide" est à son paroxysme. En décembre 1979, l’URSS a envahi l’Afghanistan. En réplique une cinquantaine de nations suivent les USA dans leur boycott des jeux olympiques de Moscou. Des grèves se sont déclenchées en Pologne et la crainte d’une intervention soviétique est palpable. Au Nicaragua le "Front Sandiniste de libération nationale" remporte des succès. Depuis 1977 les Soviétiques ont installé des missiles SS-20 à moyenne portée (de 500 à 5 000 km) sur leur territoire, qui peuvent atteindre de vastes zones de l’Europe de l’Ouest. Ceux-ci sont dotés de têtes nucléaires beaucoup moins puissantes mais beaucoup plus précises, et adaptées pour la frappe de cibles militaires (bases aériennes, navales, centres de commandements). Présentés comme menaçant moins les grands centres de population, ces missiles rendent possibles une guerre nucléaire dite "préventive" et limitée au territoire européen. En réplique, au sommet du 14 décembre 1979, l’OTAN décide d’installer des missiles balistiques Pershing II en Europe si l’URSS ne retire pas ses propres missiles. Ainsi débute la crise des "euromissiles". 

 

voir :

 

Quoi qu’en disent ces auteurs qui précisent que "aucun argument d’ordre politique ou électoral ne saurait être tiré des conclusions de ce rapport" il est clair que celui-ci est bien un élément en lien avec le débat politique du moment.

 

La population française sans protection.

 

La population n’est pas protégée d’une agression nucléaire. Tel est le constat des rapporteurs qui expliquent :

 

"Le principe de la doctrine de dissuasion est de persuader un agresseur qu’une action militaire d’ampleur de sa part risquerait de déclencher des représailles nucléaires au cœur même de son propre territoire et d’y provoquer des dégâts matériels et des pertes en vies humaines hors de proportion avec le bénéfice escompté.

 

La logique de cette stratégie conduit non seulement à ne pas s’organiser en vue d’une éventuelle agression nucléaire mais à considérer que le faire serait porter atteinte à la crédibilité de la dissuasion.".

 

C’est justement ce qu’ils contestent. Il faut abriter la population. La situation internationale, disent-ils, n’est plus celle des débuts de la guerre froide. Des missiles "anti-forces" sont apparus dans l’arsenal des deux grands qui rendent une guerre nucléaire "préventive" envisageable (comment ne pas penser en particulier à une frappe sur nos propres "forces"). La prolifération nucléaire a rendu possible l’usage d’armes nucléaires par des organisation terroristes insensibles à la "dissuasion" (40 ans plus tard la question est encore plus brûlante).

 

Et puis il y a l’ennemi manipulateur, celui dont la "propagande révolutionnaire passe au travers de nos frontières" : "les méthodes de déstabilisation interne des États ne seraient-elles pas d’une efficacité redoutable à l’égard d’États modernes vulné­rables à la mesure même de leur développement ? Notre doctrine de défense permettrait-elle de faire face à ce genre d’agression éventuellement combinée avec une stratégie indirecte à tarir nos sources d’approvisionnement en énergie et en matières premières ?"

 

Et il y a surtout l’ennemi intérieur :

 

"Toutes ces questions nous incitent à considérer d’un œil nouveau la vertu de la protection civile, à la considérer en quelque sorte en creux : une population qui se sentirait dépourvue de protection serait psychologiquement vulnérable à l’action d’agents subversifs capables de provoquer et de contrôler des mouvements de foule en vue d’empêcher le responsable de faire jouer la stratégie de la dissuasion. N’apparaît-il pas en effet que l’arme nucléaire pourrait alors être neutralisée sans coup férir par l’épouvante et la panique qui ne manqueraient pas de s’emparer de la population au cours de la phase de menace ?"

 

Parmi les facteurs de vulnérabilité de nos sociétés développées les rapporteurs ont bien soin de noter les "grèves politiques, les sabotages". Il n’est pas difficile d’imaginer, disent-ils, "toute l’étendue , la diversité , l’acuité et la gravité des troubles qui peuvent être provoqués, soit par une agression extérieure directe ou indirecte, soit par des opérations intérieures de commando".

 

Les auteurs reconnaissent cependant la limite de leur proposition de construction d’abris : "s’il est vrai que le délai de dix minutes seulement que ménagerait une attaque inopinée par missiles ne permettrait pas même de gagner les abris" mais les abris ont un autre intérêt : "il n est pas moins évident que leur utilité en cas de troubles conventionnels ou de retombées radioactives ne peut guère être contestée". Rien de plus facile, en effet, pour contrôler et fixer les populations en cas de "troubles" que de les inviter à rejoindre immédiatement les abris. Le "maintien de l’ordre", une obsession pour Raymond Marcellin !

 

Après avoir fait le tour des pays qui ont choisi de protéger leur population le rapport propose deux types d’abris : "anti-souffle" et "anti-radiations". Le passage sur les abris anti-souffle a particulièrement été remarqué par les rédacteurs de Nukleel. Disons qu’ils en ont été "soufflés".

 

Les abris « antisouffle ».

 

(p108). "Aucun État ne peut raisonnablement envisager une protection intégrale au point d’éclatement des bombes : seuls, des abris très profonds et fortement bétonnés pourraient alors résister. ". Habitants de la pointe du Finistère vous l’avez compris : en dehors de l’état-major militaire pas d’abri pour vous.

 

Mais, poursuivent les auteurs, "il serait fallacieux de ne considérer que l’importance et le coût très élevé de la construction pour en conclure à l’impossibilité de toute réalisation en ce domaine. Un examen des « points sensibles » de notre défense fournit déjà une première indication sur les objectifs de frappe d’un adversaire éventuel . Partout où ces « points sensibles » coexistent avec une nombreuse population sédentaire , il conviendrait de prévoir un programme progressif de construction d’abris « antisouffle », financé par les établissements intéressés".

 

Points sensibles ? Les militants qui au moment de ce rapport luttaient contre l’implantation d’une centrale nucléaire à Plogoff, décidée par la majorité politique à laquelle appartenait Raymond Marcellin, ont ouvert de grands yeux en lisant la suite :

 

"Les entreprises publiques qui, tel Électricité de France, introduisent localement des éléments de risque, comme l’implantation de centrales nucléaires pouvant constituer des cibles privilégiées, devraient supporter le coût de la protection des populations."

 

Des abris anti-soufle auprès de chaque centrale ? Qui prétendait que vivre à proximité d’une centrale était sans danger. Et la suite était tout autant inattendue de la part ce ceux qui par ailleurs prétendaient que la présence d’une centrale apportait un développement économique.

 

"Dans les régions vulnérables, les futurs programmes immobiliers devraient prévoir de tels abris au-delà d’un certain seuil de capacité d’hébergement ; la majoration du coût de ces programmes inciterait ainsi les promoteurs à ne pas construire autour de ces « points sensibles". Pour résumer : créer un désert à proximité d’une centrale !

 

Mais le réalisme économique revient au galop !

 

"Le coût très élevé d’une telle politique conduit à s’interroger sur sa légitimité . Compte tenu des délais d’alerte , il semble bien que la période de tension qu’on suppose devoir précéder le jeu de la dissuasion pourrait être mise à profit pour une évacuation des populations à l’écart des points d’impact éventuels où suffisent les abris anti-retombées. Les abris durcis ne seraient donc nécessaires qu’en très petit nombre." .

 

Restent donc les abris anti-retombées dits encore anti-radiations.

 

Les abris anti-radiations.

 

 

" Compte tenu des délais d’alerte , il semble bien que la période de tension qu’on suppose devoir précéder le jeu de la dissuasion pourrait être mise à profit pour une évacuation des populations à l’écart des points d’impact éventuels où suffisent les abris anti-retombées. Les abris durcis ne seraient donc nécessaires qu’en très petit nombre.".

 

Utiliser « le délai d'alerte » qu'on suppose devoir précéder le jeu de la dissuasion  pour rejoindre les anti-retombées ? Rêvons. L'ennemi a la gentillesse de laisser le temps à une évacuation générale de toute la population vers des zones où des abris « anti-retombées » suffiraient. Imaginons donc toute la Bretagne sur les routes de l’exode ! Mais ces fameux abris où sont-ils ? On connaît la suite habituelle d’un rapport sénatorial. Aussi vite publié, aussi vite oublié. Oubliés donc les abris anti-retombées. Et pourtant..

 

.

1982. Passage de témoin entre Marcellin et Mauroy.

 

Le journal "l’écho républicain" du 11 avril 2015 titrait : "Le Chartres secret, comme vous ne l’avez jamais vu". L’article rendait compte d’un livre récemment écrit sur le sujet. Une phrase était supposée interpeller le lecteur : "Qui se rappelle que le parking de la place des Halles est, en réalité, un abri antiatomique ?". Personne ou presque répondait le journaliste. (voir)

 

Et pourtant c’est à la fin de 1982 que Pierre Mauroy était venu, avec force publicité, inaugurer ce parking aménagé en abri antiatomique et inaugurer, par la même occasion, la nouvelle doctrine du gouvernement de gauche en matière de protection de la population :

 

" Pour que la confiance de la population française dans la politique de dissuasion nucléaire ne risque pas d'être amoindrie, il importe d'améliorer sa construction...

 

En même temps que les missiles connaissent une évolution technologique qui leur donne de plus en plus de précision , la puissance des charges nucléaires unitaires a tendance à diminuer. Il est ainsi de plus en permis de penser que différents types d'abris peuvent offrir, dans certaines conditions de frappe, des protections efficaces.

 

En conséquence, le gouvernement favorisera les initiatives qui permettront d'approfondir, dans le domaine des abris, nos connaissances, nos techniques et nos procédés".

 

Il annonçait à cette occasion que le gouvernement avait décidé de lancer un programme de construction d’abris du même type. L’information était confirmée en octobre 1983 devant l’Institut de Hautes Études de Défense Nationale (I.H.E.D.N). La gauche revenue au pouvoir après une si longue absence adoptait le programme Marcellin. En Novembre 1983, le journal Libération révélait une circulaire confidentielle datée du 15 octobre 1982 traitant des mesures à prendre en cas d’alerte atomique (voir). La nouvelle faisait l’effet du bombe. Quoi ? Nous protéger ? Mais la dissuasion n’empêcherait donc pas une guerre nucléaire ?

 

 

L’article du Nouvel Observateur qui commente l’événement note que jusqu’aux derniers mois les français étaient plutôt moqueurs devant les Suisses et les Américains qui s’équipaient d’abris. Mais avec l’aggravation de la tension Est-Ouest et, alors que les grandes puissances avaient miniaturisé leur armes nucléaires de façon à les utiliser de façon tactique sans provoquer l’apocalypse, l’idée d’une guerre nucléaire "limitée" à l’Europe avait pris corps. Chacun l’a désormais compris, la dissuasion nucléaire est un leurre et il faut se préparer au pire. La presse s'en fait l'écho.

 

Des abris anti souffle dans les villes de plus de 50 000 habitants, des abris anti retombées dans les vielles de plus de 10 000 habitants. 40 ans plus tard... Où sont- ils ces abris ?

La terreur nucléaire, ça peut rapporter gros.

 

Des entreprises ont flairé le climat et se mettent à espérer des profits avec la vente d’abris anti-atomiques à construire dans son jardin.

 

 

Des "salons de la survie" trouvent leur clientèle. On peut s’équiper en famille depuis la tenue étanche jusqu’aux rations alimentaires lyophilisées pour six mois. Une combinaison avec son masque vous coûtera 200€ mais pour un compteur de radioactivité il vous faudra compter 2000€ (prix 1980, TTC). Vos enfants grandissent ? On vous propose une bourse d’échange pour combinaisons enfants. Vous avez peur de ne pas bien comprendre les notices ? Des stages par groupe de 8 à 10 personnes sont organisés quatre fois par mois, gratuits si vous achetez abri et équipement. Vous avez peur de vous ennuyer dans votre abri ? On vous propose une littérature adaptée : La Troisième Guerre Mondiale - La 6ème Colonne - Guide de survie de l’armée américaine - La pluie jaune... et même la méthode du parfait opérateur radio pour communiquer de bunker à bunker.

 

Cette publicité est produite par une entreprise, "SCORPIO", qui a osé prendre pour symbole cet animal supposé se suicider en se piquant de son dard quand on l’entoure d’un cercle de feu. Elle invitait par ailleurs à des stages organisés par son organisme "OTHAJ". Est-il utile de commenter ?

 

A noter qu'en introduction de sa publicité l'entreprise reprenait un large extrait de la déclaration de Pierre Mauroy à Chartes et en particulier la phrase : "En conséquence, le gouvernement favorisera les initiatives qui permettront d'approfondir, dans le domaine des abris, nos connaissances, nos techniques et nos procédés..."

 

Après les catastrophes de Tchernobyl et Fukushima, le marché des abris anti-atomique familiaux a retrouvé prospérité en France.

 

La menace nucléaire étant cette fois de nature "civile". "Pour un 10 m2 avec 6 lits et équipé (filtre à air, nourriture lyophilisée d’une durée de vie d’un quart de siècle…), comptez 55 000 €", annonce un fabriquant qui ajoute : "C’est un investissement à long terme. Pour le prix d’un parking, vous avez une pièce à vivre en plus, qui peut servir de salle de loisirs ou de cave".


Un article récent du journal Capital note que "On pensait l’abri inutile depuis la fin de la guerre froide. Il pourrait pourtant séduire beaucoup de Français angoissés par le nucléaire civil…" Le rédacteur de l'article rappelle que la plupart des 58 réacteurs en fonctionnement datent des années 80. Ils n'ont été prévus que pour 40 années de fonctionnement et approchent donc de leur fin de vie. Les rafistolages successifs auxquels ils sont soumis pour poursuivre leur exploitation semblent inquiéter de plus en plus les riverains proches ou même éloignés. "On dénombrerait seulement 600 abris militaires et 300 à 400 équivalents privés. Soit environ 1.000 abris pour 66,6 millions d’habitants. Le "taux de protection nucléaire" de la population serait ainsi proche de 0 %..." ajoute l'article.

 

Et voilà que la guerre en Ukraine relance le marché.

 

"Guerre en Ukraine : les commandes d'abris anti-atomiques en forte hausse en France" est le titre d"un article de France-Info  daté de mars 2022.

 

"Comptez 96 000 euros pour le modèle standard : un bunker en béton armé de 14 mètres carrés pouvant accueillir six personnes, équipé du strict minimum. "Porte blindée, volets blindés, ventilation, toilettes sèches, lits superposés, réseau électrique et réseau eau, sortie de secours", détaille Enzo Petrone, patron d'Amesis Bat, un des leaders du secteur. La version 26 mètres carrés, pour 12 personnes, avec groupe électrogène et réserve d'eau potable, vous coûtera 116 000 euros."

 

Et alors que la guerre en Ukraine a mis en évidence le risque des centrales nucléaire en cas de conflit, l'article rappelle que "la France est le 2ème pays au monde en termes de nombre de centrales nucléaires, mais ne possède que 1 000 abris anti-atomiques, dont 400 seulement sont détenus par des particuliers.". Marcellin l'avait déjà remarqué 40 ans plus tôt !

 

 

Voir encore.

 

 

Quel risque pour les centrales nucléaires en temps de guerre ?

 

Extrait : La conclusion n’est pas réjouissante : les centrales nucléaires ne sont pas adaptées aux temps de guerre, et en l’état actuel des choses, que la puissance attaquante ne cible pas les installations nucléaires est peut-être tout ce que nous pouvons espérer.

 

Face au risque de guerre nucléaire, les États se réintéressent aux abris anti-atomiques

 

Extrait : Face au durcissement de la guerre en Ukraine, plusieurs pays recensent ou construisent leurs abris antinucléaires. Mais pas la France, qui compte sur la puissance de sa dissuasion...

 

En 2023 la France ne comptait qu’à peine « un millier » d’abris : 600 militaires et 400 civils privés. « Rapportés à la population, ces chiffres confèrent à notre pays un taux de protection contre le risque nucléaire d’une insigne faiblesse puisqu’il est à peine supérieur à 0 % »

 

Le boom du marché des abris anti-atomiques et la «psychose de guerre»

 

L'Allemagne répertorie ses bunkers tandis que la Suède modernise les siens. Un sursaut qui a lieu alors que les tensions avec la Russie perdurent et que la peur d'un conflit ouvert s'installe. Un phénomène que la France a connu également dans les années 1980. Alors que la Guerre froide régissait les relations interétatiques, le marché des abris anti-atomiques prenait de l'ampleur.

 


Autres articles :

Au cœur de la cible nucléaire. Quand la presqu’île de Crozon entrait en résistance.

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Au coeur de la cible nucléaire. Sous la menace des Pershing et des SS20.


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