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Alors que tous les discours officiels affirment vouloir être à la pointe de la lutte contre le réchauffement climatique, les mêmes qui les tiennent s’acharnent à vouloir imposer une centrale électrique à gaz en Bretagne.

Ce fut Ploufragan dans les Côtes d’Armor puis Guipavas et Landivisiau dans le Finistère.

Retour sur un premier épisode riche d’enseignements.

Depuis quand cherche-t-on à culpabiliser les bretons ?

Déjà après Plogof : "Vous avez refusé un centrale nucléaire mais vous ne produisez que 5% de l’électricité que vous consommez". Ce à quoi répondait le mémoire déposé à l’enquête publique par le GSIEN (Groupement des Scientifiques pour l’Information sur l’Energie Nucléaire) :

"Besoins énergétiques de la Bretagne. Pour les besoins de la cause, EDF réduit la Bretagne aux quatre départements de base. Ceci permet de développer une argumentation éliminant le complexe producteur de la Basse Loire et de culpabiliser les Bretons en leur faisant croire qu’ils consomment l’énergie des Français sans contrepartie."

Plus grave nous disait-on ! Vous risquez de faire disjoncter tout le système de distribution français par vos pics de consommation en hiver. On pouvait le craindre en effet avec l’incitation au chauffage électrique généralisé pour consommer l’électricité produite par les centrales nucléaires. C’est pourquoi avant même le début des travaux programmés à Plogoff avaient été construites les turbines à combustion de Brennilis et Dirinon étant entendu que le nucléaire était dans l’incapacité de répondre aux pointes. Depuis ces centrales ont su répondre à la demande et c’est RTE lui même qui l’affirme en 2016 : il y a de la marge !

 

Le discours n’avait donc pas varié en 2006 quand EDF a considéré qu’il fallait absolument une centrale du côté de Saint-Brieuc. C’est ainsi que fin décembre 2006 on apprenait que Gaz de France (GDF) " a été retenu pour construire une centrale électrique de 200 mégawatts à Saint-Brieuc (Côtes d’Armor), dans le cadre d’un appel d’offres lancé par le Réseau de transport d’électricité (RTE) ."

Et ce fut Ploufragan.

On n’allait quand même pas construire la centrale au centre ville de "Saint-Brieuc même". Ce fut donc, tout à côté, à Ploufragan. D’où, c’est classique, enquête publique concernant le cite choisi par GDF.

Les promoteurs de l’opération avaient-ils fait au préalable une enquête sociologique comme c’est l’usage ? S’ils l’avaient faite pouvaient-ils ignorer le contexte local ? Un département particulièrement menacé par les pollutions d’origines diverses d’où : des militantes et militants actifs dans la lutte contre le dérèglement climatique et la promotion des énergies renouvelables - d’autres mobilisés dans la lutte contre les marées d’algues vertes provoquées par la pollution agricole - d’autres encore résolument engagés dans la promotion d’une agriculture respectueuse de l’environnement. Rapidement se crée le "Collectif Urgence Réchauffement Climatique" (CURC).

La bataille n’était pas gagnée d’avance comme nous le rappelle un article du journal le télégramme de janvier 2009.

"En mars 2007, alors que le Curc n’est pas encore né, les opposants ne sont guère nombreux pour leur première réunion dans la salle du Grimolet, à Ploufragan. On y remarque surtout des visages de militants de défense de l’environnement bien connus : celui d’André Ollivro, ancien porte-parole de l’association Halte aux marées vertes ; ou celui d’André Pochon, alors président de VivArmor nature. Côté politique, Haude Le Guen, conseillère régionale des Verts, et Robert Pédron, alors conseiller municipal UDB de Plérin, constituent l’essentiel des troupes. Car, à l’époque, l’ancienne majorité de la Cabri défend ce projet de centrale thermique.

Qu’importe, le Curc fait feu de tout bois et ne manque pas une occasion pour dénoncer l’utilisation de ressources énergétiques fossiles pour produire de l’électricité. En juin 2007, Loïc Cauret, le président (PS) du Pays de Saint-Brieuc, est l’un des premiers à émettre publiquement des réserves sur le projet. Du coup, en juillet, la CGT monte au créneau pour défendre le dossier, tandis que la CFDT fait part de son opposition. Pique-nique, manifestations, le Curc ne désarme pas et soulève l’existence de zones humides sur le site de Pré Rio, un espace écologique « oublié » dans le dossier de la première enquête publique. Le préfet est obligé d’envisager une nouvelle procédure."

Le CURC a effectivement réussi un exploit. Ses militantes et militants ont su élargir leur audience et se sont donné les moyens de dénoncer le dossier en faisant appel au bureau d’étude "Horizons" et à un cabinet d’avocats. Noter que l’expertise technico-économique du projet menée par le bureau Horizons qui avait démontré les nombreuses incohérences du dossier.avait été co-financée par le Conseil général, le Pays de Saint-Brieuc, la communauté d’agglomération de St-Brieuc, la commune de Ploufragan, le Syndicat Départemental d’Electricité (Voir)

Victoire !

Réussite totale pour le CURC, le projet est abandonné.

"Le président du Conseil général des Côtes d’Armor Claudy Lebreton a annoncé hier, dans un communiqué, l’abandon du projet de centrale thermique de Ploufragan (Saint-Brieuc). La centrale de Ploufragan ne se fera pas, a indiqué Claudy Lebreton.

"La décision a été confirmée par le ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire, a -t-il précisé. Faisant suite à des contacts avec Jean-Louis BORLOO, ministre de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement Durable et de l’Aménagement du Territoire, et son directeur de cabinet, Jean-François CARENCO, j’ai eu l’assurance que l’Etat ne donnera pas suite à la demande renouvelée d’enquête publique, a déclaré Claudy Lebreton." (Actu Environnement)

De Ploufragan à Landivisiau. Les élus et l’art du retournement de veste.

Uninimité Gauche/droite contre la centrale.

Du PS à l’UMP c’est entendu : pas de cela chez nous !

"Quand les membres du Curc se rendent en juillet 2008 à Paris, pour plaider leur cause au ministère de l’Écologie, Marc Le Fur, député (UMP) des Côtes-d’Armor, Christine Orain, conseillère générale (PS), et Alain Cadec, premier adjoint au maire (UMP) de Saint-Brieuc, les accompagnent. Ce jour-là, le directeur de cabinet de Jean-Louis Borloo, ministre de l’Écologie, de l’Énergie, et du Développement durable, affirme ouvertement son opposition au projet de centrale de Ploufragan." ( Le Télégramme)

Pourtant côté socialiste on prépare déjà la seconde manche.

Les choses semblaient claires « C’est un coup dur contre le développement durable, se désolent Danielle Bousquet et Jean Gaubert, députés PS. Un autre projet était possible : produire une énergie durable, grâce à une centrale associant électricité solaire et biomasse, fonctionnant avec du colza et de la paille. » (Ouest-France)

Pourtant, a l’initiative du Conseil Régional se réunit, fin juin 2009, le "B15" pour une "conférence territoriale de Bretagne" consacrée à l’énergie. Le B15 c’est le président du Conseil Régional de Bretagne, les présidents des 4 conseils généraux de Bretagne, ainsi que les présidents des 10 communautés d’agglomérations bretonnes. Le tout à l’époque largement dominé par les élus socialistes. Présents, en particuliers, ceux des Côtes d’Armor.

Et on nous ressort le vieille litanie : "La Bretagne ne produit que 8% de sa consommation électrique. Cette même consommation croît plus vite dans la région que sur le reste du territoire français. Et, dans le même temps, les risques de coupures en période de pointe augmentent d’année en année en Bretagne-Nord"Retour ligne automatique
Le Télégramme

Le rapport est éloquent :

"Les collectivités se fixent ainsi un objectif d’au moins 200 MW tant en maîtrise qu’en production lors des périodes de pointe en 2015, et qui devra en tout état de cause être à la hauteur des enjeux physiques de la sécurité d’approvisionnement électrique de la Bretagne." Retour ligne automatique

Avec déjà comme conclusion : Mettre en œuvre un pacte électrique breton.

Dans ce but les collectivités de la Conférence territoriale "demandent au Ministre en charge de l’énergie, de les recevoir en délégation afin, le cas échéant, de bâtir ensemble ce projet collectif pour l’avenir de la Bretagne".

L’affaire a été discrètement menée car il se dit que Gérard YVE, délégué régional GdF-Suez, a rencontré le Maire de Ploufragan fin février 2010 et a annoncé qu’un accord était intervenu entre BORLOO, ministre de l’écologie et de l’énergie, et MESTRALLET, PDG de GdF-Suez, pour une centrale de pointe à Ploufragan mais que compte tenu de l’opposition au premier projet, il a été convenu en haut lieu d’attendre que les élections régionales soient passées pour sortir le 2ème projet.

Effectivement il faudra attendre les élections régionales et la nouvelle assemblée pour voir apparaître publiquement ce "Pacte" qui abandonne Ploufragan et sa centrale de 230Mw pour le projet de Landivisiau et ses 450Mw.

Côté droite la décence n’est pas de mise.

Marc Le Fur, conseiller régional de Bretagne, député des Côtes d’Armor, vice-président de l’Assemblée nationale nous fait savoir sur son site que :

Le 14 janvier 2008. Le député Marc LE FUR a saisi Jean-Louis BORLOO, Ministre de l’écologie, du développement et de l’aménagement durable, par un courrier du 14 janvier 2008 au sujet du projet de centrale de production électrique de PLOUFRAGAN.

Pour le député des Côtes d’Armor, ce projet appelle plusieurs réflexions « au regard du « Grenelle de l’Environnement »

1.Le gaz naturel et le fioul sont des énergies fossiles non renouvelables. Elles doivent être économisées, ne doivent pas être utilisées quand des techniques alternatives existent. Faut-il gaspiller du gaz et du fioul pour produire de l’électricité alors que d’autres méthodes existent ?

2.La combustion du gaz naturel et du fioul est à la source d’une importante production de CO2 dont nous connaissons les conséquences sur l’effet de serre. L’Etat français s’est engagé pour réduire la production de gaz à effet de serre dans le cadre des accords de Kyoto et du Grenelle de l’environnement. Pourquoi produire du CO2 alors que des méthodes produisant moins de CO2 existent ?

3.Le projet « France pointe » devra produire 200 mégawatts d’électricité alors que seuls 80 mégawatts sont nécessaires. Le reste de la production fera donc l’objet d’une commercialisation très conventionnelle. Pourquoi surdimensionner le projet « France Pointe » alors qu’il utilise des combustibles rares et producteurs de C02 ?

4.Nos concitoyens font des efforts importants pour faire des économies d’énergie et pour lancer des projets de production d’énergie renouvelable. Plus de 35 mats éoliens ont été construits dans ma circonscription depuis 2002. Pourquoi la collectivité leur donnerait-elle l’exemple inverse de ce qu’elle promeut. 80 Mégawatts ne représentent aujourd’hui que 40 mats éoliens.

Pour ces quatre raisons, Marc LE FUR souhaite que les besoins d’électricité de la Bretagne soient pris en compte avec d’autres méthodes de production que celle mise en œuvre dans le projet de centrale électrique de PLOUFRAGAN. « Si nous voulons que l’Etat soit crédible dans la démarche du « Grenelle de l’environnement », nous ne pouvons pas accepter le principe de cette usine de production électrique. » conclut le Député.Retour ligne automatique

Plus écolo que Marc Le Fur, tu meurs ! Et c’est d’ailleurs lui qui mène une délégation auprès de Borloo.

 

http://seaus.free.fr/IMG/jpg/landi_ploufragan_chez_borloo.jpg

 

Et qui fait savoir que :

Le 17 juillet 2008. Les opposants au projet de centrale de production électrique à partir d’énergie fossile à PLOUFRAGAN ont été reçus à l’initiative de Marc Le Fur par le Directeur de cabinet de Jean-Louis Borloo, Ministre de l’Ecologie, du Développement et de l’Aménagement durable le mardi 15 juillet dernier. Accompagné des représentants des associations de protection de l’environnement et des élus du secteur, Marc Le Fur a pu redire son opposition à ce projet de Gaz de France en complète contradiction avec le Grenelle de l’Environnement.

Mais que dit marc Le Fur aujourd’hui au sujet de la centrale de Landivisiau. Il salue d’abord le consensus gauche-droite qui a présidé à cette décision mais regrette la lenteur du Conseil Régional :


 

Au point mort le plan énergétique breton. Il y avait consensus pour reconnaître à la fois la singularité bretonne et la difficulté d’approvisionnement énergétique de la pointe de Bretagne.

Ce consensus devait déboucher sur des projets concrets :Retour ligne automatique
 Le projet d’hydrolienne notamment. Où en sommes-nous ? Toute la valeur ajoutée industrielle va-t-elle à Cherbourg, comme on le lit ?Retour ligne automatique
 Le projet de centrale thermique de Landivisiau, coût estimé à 400 millions d’euros, jugé indispensable pour garantir la sécurité électrique de l’Ouest breton. La centrale est aujourd’hui à l’arrêt]]. A qui la faute ? Il semble que nous soyons les victimes d’un loupé parisien et d’un loupé bruxellois. La France aurait tardé à notifier l’appel d’offre à Bruxelles. Bruxelles tarderait à donner son accord, ou même, remettrait en cause le projet.

"Si nous voulons que l’Etat soit crédible dans la démarche du « Grenelle de l’environnement », nous ne pouvons pas accepter le principe de cette usine de production électrique", avait-il dit au sujet de Ploufragan et de ses 230Mw mais cela c’était avant les élections.

"La combustion du gaz naturel et du fioul est à la source d’une importante production de CO2 dont nous connaissons les conséquences sur l’effet de serre. L’Etat français s’est engagé pour réduire la production de gaz à effet de serre dans le cadre des accords de Kyoto et du Grenelle de l’environnement. Pourquoi produire du CO2 alors que des méthodes produisant moins de CO2 existent" ajoutait-il, mais le double de CO2 produit à Landivisiau ne lui pose désormais plus de problème : ce l’est pas là que se trouvent ses électeurs !

Face à de tels "consensus" qui pourrait s’étonner ensuite que les électrices et citoyens boudent les urnes ?

A l’inverse le CURC n’abandonnera pas le terrain. Ses militantes et militants seront aux côtés de celles et ceux qui reprendront le flambeau dans le Finistère avec l’association "GASPARE" après le choix de Guipavas puis l’association "Landivisiau doit dire non à la centrale" après le choix de cette commune.

 

A suivre :

 

 

 

Tag(s) : #Sans nucléaire ni effet de serre
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